Alain Rivière

Alain Rivière
Malerei
 
 

Der Raum und die Zeichnung

4. Oktober bis 8. November 2025

 
 

 
 

Vernissage 4. Oktober – 19 Uhr
Finissage 8. November 19 Uhr

Ausstellungsbesichtigung: Mo/Di/Do 16Uhr bis 19Uhr
oder auf Verabredung via 56 82 89 31

Schudomastr. 38/12055 Berlin/Rixdorf/
S-Bahn Sonnenallee / Bus M41 bis Mareschstrasse

 
 


DRAWING AND SPACE

Alain Rivière’s paintings reveal themselves at first glance as spaces that invite reflection. Far from offering a seductive world, this artist creates with a few strokes (sometimes with a single stroke) a whole dimension that surprises us with its content. Rivière seems to want to return to distant origins of drawing to show us a current force. These lines involve each time the entire space in which they evolve, or rather, they give this space an acuity that recalls that sought after in the past by Malevich or Arp. Painting becomes here a direct expression of thought. To do this, with only the white and black of oil paint, Rivière does not seek to produce perfect and well-drawn lines. He prefers the hesitation of contact with the surface, paper or canvas. This contact becomes a pictorial stake here.

The artist says: „At the beginning of this new stage of painting, I wanted above all to strip space. I had often previously proceeded by accumulation, and I wanted to do the opposite, not to leave a canvas only white or black, but to let a single stroke evolve on the surface. I wanted to go towards limits without forgetting that the slightest event always provokes visual associations. With certain drawings, I wanted to oppose these associations, and in others, on the contrary, to rediscover the circle, the spiral, the straight line. And then, gradually, I approached more complex constructions with superimpositions and relations of force between a few drawn elements. But I think that the complexity was there from the beginning. A single stroke on a canvas can indeed be very complex even if it seems simple at first glance. Later, I approached the covering of space, either by parallel curved lines or simply by parallel lines. There, of course, the language becomes different, but if each stroke disappears into the multitude, I hope that its individual destiny remains perceptible. In this approach, I moved away from gesture, and above all from quick gesture. If there is still a gesture to see, it remains slow and uncertain. Similarly, rightly or wrongly, I feel that colors would be too much, whereas black and white are part of this search.“

Rivière’s painting undoubtedly has an affinity with minimal art. Nevertheless, his language is based on an ancestral drawing, a drawing rediscovered not to represent but to share its own existence. In this context, drawing is never emphasized. It is rather a caress. And the fragility of the stroke becomes the fragility of the surface that welcomes it. Each work then appears fragile. Perhaps this is where the particularity of this expression lies, which surprises us with its few means and its achievement.

Philippe Sergent

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LE DESSIN ET L’ESPACE

Les peintures d’Alain Rivière se révèlent dès le premier regard comme des espaces qui invitent à la réflexion. Loin de proposer un monde de séduction, cet artiste crée avec quelques tracés (parfois avec un seul tracé) toute une dimension qui nous surprend par son contenu. Rivière semble vouloir retourner à des origines lointaines du dessin pour nous montrer une force actuelle. Ces tracés impliquent chaque fois tout l’espace dans lequel ils évoluent, ou mieux, ils donnent à cet espace une acuité qui rappelle celle recherchée autrefois par Malevitch ou par Arp. La peinture devient ici expression directe d’une pensée. Pour se faire, Rivière avec seulement le blanc et le noir de peinture à l’huile ne s’attache pas à produire des lignes parfaites et bien dessinées. Il préfère l’hésitation du contact avec la surface, papier ou toile. Ce contact devient ici enjeu pictural.

L’artiste raconte: “Au début de cette nouvelle étape de peinture, je voulais surtout dépouiller l’espace. J’avais souvent auparavant procédé par accumulation, et je voulais faire le chemin inverse, non pas pour laisser une toile seulement blanche ou noire, mais pour laisser un seul tracé évoluer sur la surface. Je voulais aller vers des limites sans oublier que le moindre événement suscite toujours des associations visuelles. Je souhaitais avec certains dessins m’opposer à ces associations, et dans d’autres, au contraire, retrouver le cercle, la spirale, le trait rectiligne. Et puis, peu à peu, j’ai abordé des constructions plus complexes avec des superpositions et des rapports de force entre quelques éléments dessinés. Mais je pense que la complexité était là dès le début. Un seul tracé sur une toile peut être en effet très complexe même s’il semble simple de prime abord. Plus tard, j’ai abordé le recouvrement de l’espace, soit par des lignes courbes parallèles, soit simplement par des lignes parallèles. Là, bien entendu, le langage devient autre, mais si chaque tracé disparaît dans la multitude, j’espère que son destin individuel reste perceptible. Dans cette démarche je me suis éloigné du geste, et surtout du geste rapide. S’il y a encore un geste à voir, celui-ci reste lent et incertain. De même, à tort ou à raison, je ressens que des couleurs seraient de trop alors que le noir et le blanc font partie de cette recherche”.

La peinture de Rivière a sans doute une parenté avec l’art minimaliste. Pour autant, son langage repose sur un dessin ancestrale, un dessin retrouvé non pas pour représenter mais pour faire part de sa propre existence. Dans ce contexte le dessin n’est jamais accentué. Il s’agit plutôt d’un effleurement. Et la fragilité du tracé devient fragilité de la surface qui l’accueille. Chaque œuvre apparaît alors fragile. Là se situe peut-être la particularité de cette expression qui nous surprend par son peu de moyens et son aboutissement.

Philippe Sergent